Non mais c'était quoi cet élan de courage féminin ? Deux jeunes femmes prirent successivement la tête. L'une lançait un truc incompréhensible et en accéléré sur un ton de défi. Et l'autre s'enfonçant sans plus attendre les autres. Tss. Bravo pour l'acte héroïque. Pour la prudence, on repassera. Lui, il se sentait très bien là où il était. Ne lui venait pas même pas du tout l'envie de poursuivre dans un escalier pareil. Non, c'était carrément glauque.

Pourtant, ça n'avait pas l'air d'arrêter le reste de la troupe qui suivit les deux fortes têtes. L'homme jeta un regard tout autour de lui. Tout le monde semblait les suivre. Quel bande d'idiots... Il se résolut à en faire de même. L'idée de rester seul était bien trop terrifiante. Il attendit donc que tous soit passé devant lui avant de leur emboîter le pas. Fermer la marche, voilà qui une tâche qui lui revenait de droit. Oui. Il devait s'adjoindre à cette mission. Être le gardien de ce petit troupeau. Et, il fallait avouer que cela lui convenait parfaitement !

Alors qu'ils venaient d'entamer cette longue descente qu'il présupposait aux Enfers, il lui sembla entendre un cri/appel. Et il ne devait pas être le seul car un certain nombre d'entre eux s'entre-regardèrent, s'interrogeant du regard sur le sens du charabia. Pris dans son rôle de Gardien, il se glissa avec la délicatesse que ne lui permettait sûrement pas sa carrure jusqu'à atteindre la tête du groupe. C'est alors qu'il découvrit une large salle mais... Vide. Où avait bien pu passer la jeune femme ...?

Il s'avança afin de distinguer mieux l'espace qui s'offrait à lui. Aucune lumière dans la salle. Elle ne se trouvait donc de toute évidence pas là. En face de lui, une énorme porte close. Sur sa droite, deux portes de taille moins démesurée mais tout aussi closes. Même schéma à gauche. Soupir. Réjouissant. Elle n'avait pourtant pas pu aller bien loin... Mais où ? Il fit volte-face vers les autres, faillit leur poser une question et, se rappelant leurs quelques soucis de communication, abandonna. Nouveau soupir.

Merde. Du coup, il s'était mis dans une apparente situation de leader. Certains le regardaient, comme attendant de lui qu'il devine la bonne direction. Il eut envie de les insulter. Il était épuisé... Puis, comme l'n sembla se décider pour aller en face, il prit son devant d'un air déterminé. Et les voilà nez à nez avec une porte qui les dépassait bien largement, au point qu'ils leur étaient impossible d'en voir le haut, et encore plus en longueur apparemment. Pourquoi une aussi grosse porte ...? Des monstres évidemment ! D'énormes monstres ! Des expériences dégueulasses, comme il l'avait prédit !

Non mais là, ça suffit. Il se mordit la langue et s'ordonna de stopper ses conneries. La porte semblait devoir s'ouvrir horizontalement, des deux côtés. En témoignait la large rainure gris bleuté qui la découpait de bas en haut. Peut-être y avait-il des capteurs tient... Comme la première porte qu'ils avaient rencontré. Attend, étaient-ce des capteurs à la première porte ? On aurait dit, il ne se rappelait pas avoir vu quelqu'un l'ouvrir.

Il s'approcha alors du bord droit de la porte et, à la lumière de sa blouse, cherchait un quelconque système. Il passa ses mains devant pas mal de bidules mais rien. A croire qu'en réalité sa mission ici était juste d'avoir l'air terriblement con.

Ce voyage interminable collé à un mur qui n’aurait certainement pas dû recevoir cet usage s’acheva à la vue de ce rassemblement de lumières qui s’effectuait e un lieu où cette poussière avait comme été balayée. Lorsque Syrenn pût enfin poser son pied au sol, des frissons parcouraient l’ensemble de son corps. Sa peur se faufilait jusque dans ses jambes et comme la sensation d’une lourde pression l’entrainant vers le sol le tiraillait. Ceux devant lui étaient raides et grands. Il n’y avait pour l’enfant aucun moyen de voir ce qu’il se tramait cette barrière vivante franchie. Ici, il n’y avait rien pour lui, seul l’obscurité et l’inconnu et pourtant, ces personnes seraient sa lumière ? Le jeune garçon voulut à nouveau fermer les yeux mais ne le put. Grâce à eux, il pouvait voir ne serais-ce qu’un peu ce qu’il pouvait se produire et un nouveau frisson de terreur lui ferait perdre ses jambes. Qu’allait-il se passer s’il ignorait cet instant ne serait-ce qu’une seconde. Ces gens allaient-ils disparaitre ? Il ne pouvait pas se retrouver seul, c’était là de loin la pire alternative. Non, il y avait pire, au moment où il les rouvrirait, une chose plus terrifiante encore que cela pourrait se trouver devant lui. Ne sachant que faire de ses mains secouées par l’angoisse, Syrenn saisit ses cheveux en partant du haut de sa tête tout en descendant très doucement vers les pointes. Forçant ainsi les quelques nœuds, il s’accrochait comme il le pouvait et renouvelait la chose encore et encore. Il y avait étrangement quelque chose de rassurant dans ce rituel.

Malgré tout, la position que devait prendre l’enfant face à la situation restait loin de ce qu’il pouvait voir. Ne pouvant observer la suite au travers de cette muraille humaine, ses yeux furent mécaniquement redirigés vers le sol. Une pensée vient croiser son esprit. Plus tôt, il avait espéré n’être pas le seul à ressentir cette terreur. A présent, la question était tout autre. Ces personnes face à lui étaient censées représenter un modèle et le fait qu’il ait été le seul à montrer sa peur depuis tout à l’heure faisait passer ses terreurs comme une bagatelle qui ne marquait que lui. Il y avait certes un sentiment de solitude là-dedans mais l’assurance de savoir sa peur injustifiée avait un autre effet. Cela voulait-il supposer qu’il n’y avait rien à craindre, que ce lieu était sans danger et que ces personnes savaient où elles allaient ? Même si le jeune garçon ne reposait pas dans des conditions similaires, ces gens étaient bien plus impressionnants qu’il ne l’était et devaient puiser là-dedans une force leur permettant de rester de marbre face à cette épreuve. Même minime, cela provoquait un sentiment de sécurité. Un bruit de métal lourd devant eux et voilà que certains de ceux lui bloquant la vue commencent à avancer.

Syrenn se colle aux tallons de la personne située juste face à lui espérant d’une façon ou d’une autre s’imprégné de son courage. Le fait d’établir un contact physique serait certainement plus rassurant mais les mains de l’enfant sont moites et encore légèrement couvertes de ce sang qu’il a dû s’étaler dans les cheveux. L’écart de courage séparant le jeune garçon du reste du groupe ne lui permettent pas d’avoir le courage d’effectuer un premier pas vers l’un d’entre eux. Leurs visages sont hauts, dans une direction différente à la sienne et il n’y a pour lui que peu de moyens de les distinguer et donc de les reconnaitre. Alors que cette intimidation fulmine Syrenn tente de se faire plus petit qu’il ne l’est déjà. Ce, dans le but de se faire oublier même si ce n’est pas ce qu’il cherche. Si on percevait sa terreur, ne le verrait-on pas comme un poids pour le laisser derrière ? Les pieds de l’enfant suivaient de si près son prédécesseur que ses orteils seraient presque allés à la rencontre de ses talons comme un inconnu aurait arraché le pied de votre chaussure en la coinçant alors qu’il aurait marché dessus par inadvertance.

Syrenn, à l’entente de ce cri baissa d’avantage la tête améliorant sa confrontation avec le sol. Il y avait déjà bien trop dans ce qu’il pouvait supporter et des larmes recommençaient déjà à couler sur ses joues. Cependant c’était là un pleur silencieux. Il ne pouvait pas laisser les autres l’entendre ou le voir. Aussi, ses cheveux sur lesquels il continuait de tirer se rendaient complice de sa tentative de dissimulation. Il ne suivait non plus le plafond mais les talons, c’était une chose plus évidente à faire. Le garçon put malgré tout percevoir un fragment de ce qu’il se trouvait devant et ne put s’empêcher de ralentir sa cadence. Pour fixer sans remord l’obscurité qui s’étalait devant le groupe. Bien que celui-ci l’éclairait progressivement, elle semblait sans fin. Les monstres étaient des êtres mythiques issus d’une confusion et n’existant pas par conséquent. Pourtant, quelque chose poussait d’avantage encore l’enfant dans sa peur. Ce n’était pas une chose relative aux enfants, simplement un fait dans les moments les plus instables vous rongeant jusqu’aux os. Syrenn avalait sa salive. Sa poigne devint si forte que sa main ne put descendre d’avantage. Les larmes continuaient de rouler sur ses joues et ses jambes tremblaient de plus belle. Il n’y croyait pas spontanément mais le fait que le doute s’installe était la pire chose que l’on pouvait attendre d’une personne. Incapable de bouger, l’enfant regardait face à lui ce qui bientôt devint une autre porte à la lueur des autres alors que l’enfant était encore juste après avoir franchi la première. Elle était gigantesque. Plus grande encore que la précédente, plus grande encore que ces grande personnes pourtant si grandes. L’enfant se sentait plus petit encore, plus nuisible, plus inutile et plus seul.