Corbat entendit une nouvelle capsule s'ouvrir. En sortit une femme qui aurait pu avoir son âge.
Il se releva pour venir à son aide, elle qui devait être désorientée et faible comme ils l'avaient été en s'extrayant de la capsule mais sa rapidité le stupéfia.
Elle sortit de sa capsule et marcha un peu en zigzag jusqu'à un pan du mur et appuya sur un bouton.
Il semblait que ce mur soit en réalité une porte.
Un peu perplexe par la situation, il avait cessé de converser avec le russe. Cette femme! Elle devait savoir quelque chose! Impossible qu'elle ait trouvé le bouton aussi vite sans aide! Etait-ce le guide qu'ils attendaient tous?
Plus le temps de réfléchir, la salle fût envahie par la pénombre. Un noir comme on en voit que dans ses cauchemars, au moment où l'on en a le plus besoin.
La voix robotique résonna dans l'air lui sembla-t-il. Un "système de sécurité"? Mais où étaient-ils donc?
Le mot "fermeture" fit frisonner Corbat et ce fût comme si sa colonne vertébrale se prenait un coup de jus.
Comment l'IA peut-il être aussi méchant?
Ah oui! C'est un robot!

Des bruits de pas rapides convergeaient désormais vers la porte qui allait bientôt se refermer et qui serait ensuite scellée, comme un sarcophage. Ou un pot de confiture. Miam!
C'était souvent au pire moment qu'on avait les idées les plus idiotes ou quoi?
Espérant que ceux qu'il avait vu suivent le chemin, il se lança aussi dans la course.
5..
Il avait passé cette seconde à penser bêtement.
4...
Il s'était mis à marcher le plus vite possible
3...
Ne plus penser à rien! Courir!
2..
Plus vite!
1..
Il franchit la porte.
0
La porte se referma tout aussitôt. C'était juste!

Devant lui: la femme qu'il avait vu courir, probablement leur guide. Dès qu'ils seraient au calme, il aurait tout le loisir de lui poser des questions.
Droite, gauche, droite; faisait-elle durer le plaisir ou était-elle aussi perdue? Une guide perdue c'est dommage quand même.
Quand son visage s'éclaira et qu'elle sembla vouloir dire deux mots un craquement se fit entendre. Malgré leur épuisement ils levèrent tous la tête pour voir au plafond une fissure s'élargir encore et encore.
Le docteur eut un mouvement de recul qui le fit bondir d'un bond (CQFD).

Un rocher énorme s'écrasa non sans une certaine flegme (on peux descendre les escaliers avec grâce, pourquoi un rocher n'aurait-t-il pas une certaine flegme? Mhh?) sur... Hé bien sur le groupe, il faut le dire!
Il lui sembla entendre un petit cri, ce furent les derniers mots du guide.
Espoir, espoir, prend ton envol!... Et laisse-nous dans la merde!

Miraculeusement, Corbat n'avait strictement rien eu, à peine quelques coupures sans gravité sur le visage et les mains. Sa blouse était un peu déchirée également.
L'état des autres lui glaça le sang!
Déjà, ils étaient bien moins nombreux qu'au départ, les autres avaient dû soit mourir écrasés, soit mourir dans la salle précédente, soit mourir d'épuisement, il ne voyait que ça.
Ce qui lui fît le plus peur fût jeune homme blond avait la jambe coincée sous des amas de murs et autres matériaux. Avec la chaleur qui montait de plus en plus..
Il dégagea les décombres qui bloquaient le jeune blondinet avec de la peine et le traîna par les épaules jusqu'au refuge. Certains matériaux lui avaient coupé la paume de ses mains mais ce qui importait c'était la survie de cet homme.
Quand il le traîna, Nate s’aperçut de la gravité des blessures de la victime.
Une bonne quantité de sang s'échappait de sa cuisse, c'était à se demander si l'artère n'avait pas été coupée. Dans ce cas, il se viderait de son sang, ce qui est quand même dommage.
Le sang dessina une route rouge plutôt effrayante quand on pense de quoi elle était faite.
Il le traîna sans s'occuper de ce qui l'entourait jusqu'à ce qu'une lumière vive les immerge.
Il failli lâcher le jeune homme à cause de la surprise mais se ressaisi.
Une femme derrière lui cria des mots qu'il ne compris pas exactement.
Puis il arriva enfin jusqu'au refuge.
Là, il posa l'homme sur le sol, commença à inspecter sa blessure mais sa curiosité le poussa à regarder derrière lui: une immense baie vitrée.
L'espace.
L'espace?
Ils étaient dans l'espace?
Une navette spatiale? La roche était une roche galactique?

Il vit ensuite la jeune fille montrer les escaliers pour leur indiquer la direction mais ils ne pourraient pas descendre les escaliers sans que le blond meure vidé de son sang.
Il fallait stopper l'hémorragie au plus vite et prier pour trouver une infirmerie ou quoi que ce soit d'autre où il pourrait faire autre chose qu'un garrot.
Le docteur déchira sa blouse et noua un garrot au dessus de la cuisse de l'homme.
Puis il se retourna un instant pour observer encore l'espace, ce qu'il y voyait ne présageait rien de bon.
Non, rien de bon.

-Tiens bon! Tout va bien pour le moment, tiens bon! dit-il au jeune homme avec un sourire crispé.
Non, rien n'allait.

Il fallait qu'ils se rendent aux escaliers désormais, la vie d'une personne en dépendait.
Qu'importe qui les guiderais, il fallait qu'ils partent.

[HRP]Du coup, je donne l'autorisation à n'importe qui de me mener jusqu'aux escaliers (Sauf toi Mathew, t'es un peu beaucoup blessé :p)[/HRP]

A cet instant des tonnes de questions traversaient ma tête à la vitesse de la lumière, mais personne ne pouvait y répondre car même les plus simples - qui étais-je? Où étions-nous - n'en avaient pour l'instant pas . Une autre chose me dérangeait, les personnes autour de moi n'avait pas répondu à la seule et unique question que je leurs avait posé : "NS, c'est mon nom? Et vous rappelez-vous de votre passé? ". Peut-être était-ce parce que je ne parlais pas russe, pourtant il me semblait que j'avais bien utiliser cette langue pour leur parler. Mais bon, sans souvenirs comment savoir si j'ai appris cette langue ou non. Dans tous les cas mes questions n’eurent pas de réponse donc autant m'appeler NS. Un jeune fille venait de faire son apparition. Mais je ne pus savoir d'où elle venait, ni depuis quand elle était présente. Un nouvel évènement se produit.

La lumière venait de s'éteindre et tout le monde se tut. Je me figeais donc, respirant tout doucement, à l'écoute du moindre bruit ou mouvement - oui, oui on peut entendre un mouvement. Après un court répit, nous arriverait-il encore autre? Se réveiller dans une capsule avec la santé du novice qui venait de finir un marathon, dans un endroit inconnu et des personnes inconnus; toute ces chose n'était pas assez angoissant? Faut-il que je fasse une crise cardiaque pour que tout cela se finisse? Sûrement, mais je n'avait pas l'intention de mourir ici et comme cela.

Malheureusement, on aurait dit que mon destin était réellement de mourir ici.

Atteinte du système de sécurité. Atteinte du système de sécurité. Fermeture des portes dans 5 secondes.

A l'entente de ce message mon corps bougea tout seul. Et ce fut la même chose pour tous les êtres vivants présents dans cette pièce. Tout le monde se précipita vers les portes qui se refermaient petit à petit mais pourtant si vite. Un seul et même objectif: sortir d'ici ! Quand les portent se refermèrent j'étais déjà du bon côté. Un sentiment de soulagement m'envahit. Je préférais être ici plutôt que de rester enfermer dans une seconde prison - la première étant la capsule. L'inconnu est quand même bien mieux que la captivité. Une femme était devant eux avec un sourire sur les lèvres. Faisait-elle partie de personnel? A la vue de sa tenue - une blouse d’hôpital comme toutes les personnes qui m'entouraient - la réponse était clairement non. Cette dernière regarda des deux côtés du couloir où ils étaient. Droite ou gauche ? Tel est la question. Je ne savais pas pourquoi tout le monde restait sagement planté ici comme des pots de fleur. Peut-être attendaient-ils que la femme leur dise où aller. N'aimant pas être passif, je m'avançais vers elle. Mais ce ne fit pas un choix très judicieux.

En effet, un gémissement retentit soudain en provenance du plafond. Levant la tête je vis des lézardes traverser le plafond. Avant d'avoir la possibilité de réagir une imposante roche vint s'écraser sur la jeune femme blonde et pour mon plus grand malheurs ma jambe fus coincé sous des débris du plafond. Quelle idée de s'être approché? Je perdis quelque peu connaissance sous le coup

Mais je me réveillais quelques instants plus tard, en tout cas c'est ce qu'il me semblait. J'avais mal, très mal. A travers un brouillard j'aperçus une chevelure blonde en dessous d'une masse chaude et rocailleuse. Un étrange couleur rouge s'étalait petit à petit sur le sol. J'avais de plus en plus chaud. Essayant de me mouvoir pour partir loin de cette chaleur, je fus coincé. Par quoi? Aucune idée. Ma vision était troublée. De la sueur perlait sur mon crâne. Et cette douleur au niveau de ma jambe. Mais soudain je fus libéré. Quelqu'un m'avait aidé et était entrain de m'entrainer loin, loin , très loin. Au cours du voyage qui me parut une éternité, je remarquais qu'on se déplaçait sur un joli chemin rouge sang. Sang? C'était peut-être bien du sang. Mais mon esprit était beaucoup, beaucoup trop embrumé pour réfléchir à l'origine de ce sang. Soudain une lumière illumina mon dos. Aveuglé, je fermais mes yeux et ne les ouvrit que quand je sentis quelqu'un toucher ma jambe. Un homme était entrain de ceinturer quelque chose autour de ma cuisse. Cette dernière avait une énorme coupure. Pourquoi? Le rocher peut être? En pensant au rocher, il y en avait une tonne derrière les baies vitrées qui se situées derrière le gentil monsieur qui s'occupait de moi. Il y avait aussi une masse lumineuse au milieu d'un ciel noir ébène. Bizarre comme endroit quand même. Le monsieur me dit quelque chose que ne compris absolument pas et me sourit. Un peu shooté je lui souris à mon tour.

Je ne savais absolument pas ce qu'il se passait. Mais j'avais mal et je me sentais très faible.

Enfin levée, enfin debout, sur ses jambes lui semblant si frêles. Son corps lui paraissait si épuisé alors qu'elle se levait tout juste. Comme si son sommeil lui avait volé son énergie. Il lui en restait si peu: à peine assez pour tendre ses muscles et rester droite, sur ce sol inconnu. Les maux de tête lui labourant le crâne ne cessaient pas, combien de temps allait-elle devoir les supporter?

Elle souffla bruyamment. Un pas. Un pas dans cette pièce si étrange. Si futuriste. Quoi de plus dérangeant que de ne pas savoir où on se trouve? Elle observait d'un œil inquiet ces gens écrasés à terre, titubant ou pleurant. Oui, il y avait là un petit garçon en larmes. Elle comprenait bien dans quelle inquiétude il devait se trouver lui aussi. Son regard parcourait chaque étranger, en blouse. Elle se regarda: elle aussi elle était en blouse. Que faisait-elle là-dedans.

-Qu'on m'explique... chuchota-t-elle.

Elle était emprise d'angoisses atroces, fort compréhensibles, mais insoutenables. Elle appuya une main sur sa cage thoracique. Se calmer. Observer, comprendre. Oui comprendre. La jeune femme se retourna. Cette boîte lui était si inconnue. Pourquoi...? Pourquoi en sortait-elle? Les nausées la reprirent, comme si ne pas savoir la rendait malade. En réalité il s'agissait d'une réaction physique, non mentale.

Soudain, cette personne, là-bas, qui sort avec une précipitation surprenante. Dans une yeux, une peur affreuse qui se lisait de si loin. Elle semblait si faible, comme elle, comme les autres, mais si déterminée à s'en aller. Première pensée: la suivre. Elle savait elle. C'était certain. Elle différait des autres personnes. Se concentrer sur elle. Cette jeune personne allait pouvoir l'aider. Elle fit quelques pas en avant, manquant de tomber sur les genoux. Courage. La suivre immédiatement. Lui demander de l'attendre.

La femme tombe en avant, dans le couloir, après avoir ouvert la porte. Un signe. C'est pour eux. Elle la suit, prenant les devants. Ses mains tremblent? La peur? La douleur? Elle oublie ça. Suivant l'inconnue, elle tenta de baragouiner une question mais sa bouche n'articulait plus rien, aucun son ne se forma. Elle grimaça. Elle avait cette affreuse impression que plus rien ne lui obéissait.

Enfin aux côtés des autres, qui s'étaient aussi décidés à la suivre, le noir remplit la pièce. Un noir si intense qu'elle crut qu'elle était morte. Mais non, elle se mouvait toujours, dans ce noir si effrayant. Le silence maintenant, tous les chuchotements s'étaient tus. Elle tenta de se raccrocher à quelque chose, elle attrapa une barre métallique à sa droite. Elle lui sembla si froide qu'elle en frissonna.

Une voix retentit, sonnant l'alerte. Elle comprit. Elle n'avait pas été réveillée parce que c'était prévu, mais parce qu'il le fallait d'urgence. La question c'était: pourquoi? Elle fit un pas, son cœur s'affolant au moindre bruit. Et il y en eut un... Un lourd bruit métallique. Fermeture des portes... Fermetures des portes? Elle se mit à courir sans réfléchir: effectivement, le bruit de coulissement métallique lui confirma ses doutes, les portes se refermaient. Elle traversa l'entrée de la salle avec un soulagement immense. Elle souffla un bon coup, même si elle se faisait bousculer à droite et à gauche. Elle ne serait pas coincée là-dedans au moins! Rassurée de ne pas être seule, elle retrouva son point de repère: la jeune femme blonde. Elle aussi semblait bien soulagée.

Elle essuya quelques gouttes de sueur sur son front. Son cœur se calma un instant. La femme à la chevelure blonde avança un peu et observa les possibilités de chemin qui s'offraient à eux. Elle sembla hésiter. Mais c'était pas le moment, d'après Gorski. Elle avait pas le droit d'hésiter dans une telle situation. Durant quelques secondes, elle pensa prendre la situation en main et emprunter une direction au hasard mais elle se reprit. Quelle idée! Jouer les héroïnes alors qu'elle n'était pas en mesure de faire quoique ce soit, ni même de lever le petit doigt.

Soudain: BAM. Un vacarme, des éclats de fer, de verre, de la poussière. Une chaleur de plus en plus étouffante. Des hurlements. Oui, beaucoup d'hurlements. Gorski tombe en arrière, se cogne la tête au sol, violemment, après avoir été projetée par le souffle de l'explosion et s'être détruit les côtes contre les barres de fer du mur. Une explosion? Pas sûr... Elle ouvrit les paupières, la fumée lui piquant les yeux. Elle resta bouche bée devant l'énorme pierre bouchant le chemin. Une pierre rougeâtre, brûlante, une pierre étrange, trouée de partout... En dessous, une sorte de cratère formé par la collision. Et encore en dessous... une chevelure blonde. Un cri sourd s'échappe de sa bouche.

Gorski se traîne en arrière, au sol, pour aller le plus loin de cette horreur. Elle tente de se relever, l'air lui manque. Allez! Pas le moment de faiblir. Elle se lève et court, malgré les douleurs atroces. Elle passe une barrière de métal puis atteint la porte retenue par une jeune fille.

Elle ne la traversa pas, voyant que l'inconnue se jette sur une personne gravement blessée. Un blond dont le visage était crispé par les souffrances. Elle tomba au sol, épuisée. Un homme s'était précipité sur lui pour le tirer des encombrements. Il risquait sa vie en restant si près de ces matériaux en train de fondre à cause de la chaleur. Là-bas, c'était un four.

Une vive lumière envahit alors le couloir: une lumière si puissante que même fermées, ses paupières la laissaient passer. Elle se força à rouvrir les yeux et regarder d'où venait la lumière. Se dirigeant au sol vers l'endroit où les autres avaient trouvé refuge, elle observa la baie vitrée. Une baie vitrée donnant sur...

-L'espace... murmura Gorski.

Ce mot se répéta plusieurs fois, avant qu'elle écrase son visage contre la vitre. Là-bas, le soleil en ébullition, autour, des corps célestes. Cette roche enflammée, c'était donc une météorite? Ils étaient donc... dans un vaisseau spatial. Un sourire crispé se dessina sur son visage. Elle rêvait, c'était impossible.

Elle s'écarta de la vitre, son visage devenu rouge à cause de la chaleur, et observa l'homme tenter de soigner le blondinet. Il lui fit un garrot, essaya les quelques autres blessures. Elle eut du respect pour ce gars qui faisait de son mieux pour le sauver. Mais d'après elle, c'était trop tard. Une telle blessure, dans l'état actuel des choses, c'était mort pour y survivre. Quel jeu de mots! L'homme tentait de rassurer le mourant... Il était plus positif au moins.

Elle tenta de se lever. Elle devait faire quelque chose, elle aussi. La douleur la collait au sol. Mais elle finit par surmonter cela et, s'élança vers l'escalier. Ne plus penser à l'espace, au soleil, il fallait d'abord quitter cet endroit et trouver comment s'en sortir. Elle monta une marche, avec mal, mais avec un travail mental, parvint à se trainer en haut. Elle se retourna: les autres la suivaient bien.

La situation était critique. Il fallait foncer sans réfléchir (d'ailleurs, la première réaction de tout animal est de courir pour pouvoir assurer sa survie, et non de réfléchir, parce qu'ils n'ont pas tous les capacités pour le faire. Oui, l'impulsivité est juste le meilleur moyen de survivre quand il y a urgence) ! Et c'est ce que je fis, malgré l'hésitation qui demeurait en moi (que fais-je ici ?), malgré la chaleur pesante qui m'envahissait petit à petit et me faisait fortement haleter. Courir pour pouvoir rattraper le bus est à peine considéré comme un sport. En revanche, ce que nous faisions tous en ce moment l'était. Il fallait en effet mettre nos capacités en jeu et dépasser nos limites, parce que nous n'avons pas le choix. Par conséquent, malgré le fait que je sentais des douleurs, je forçais de plus en plus... jusqu'à ce que je sentis la plus forte des douleurs à ma cheville gauche et un craquement qui l'accompagna. Ceci me fit trébucher et je me roulai par terre.

Je repris conscience avant de me relever non sans difficulté après je ne sais combien de secondes, car mon pied gauche me faisait mal. La bonne nouvelle : je m'aperçus que nous avons réussi à atteindre la sortie. La mauvaise : je m'aperçus que je n'étais pas indemne : ma cheville était foulée, et il était impossible de poser le pied gauche par terre sans la moindre souffrance. Mais après tout, je n'y pouvais rien faire pour le moment. En outre, ce n'était vraiment pas le moment de m'apitoyer là-dessus, quand on sais qu'on a pris du retard par rapport aux autres, et quand on voit pire et qu'on a conscience que sa vie entière, et aussi celle des autres, bien sûr, sont en danger. En effet, je fus choquée de voir autant de sang par terre. Je suivis le chemin ensanglanté jusqu'à apercevoir à 10 mètres de moi un homme blond avec une sorte de bandage à la cuisse et son sang qui traversait le tissu blanc et continuait à couler comme une fontaine. A côté de lui, un médecin aux mains sanglantes (probablement celui qui lui avait mis le bandage), semblait se demander comment ils allaient s'en sortir tous les deux.

Pendant ce temps, une femme dans les escaliers nous indiquait la direction. Pas le temps de t'apitoyer sur ton sort !, me répétais-je sans cesse dans ma tête en portant mon regard tantôt sur la jeune fille, tantôt sur le jeune homme agonisant. Avant de penser à partir, il fallait bien que je pensasse à la survie d'autrui. C'est bien deux vies que je devais aider ! Deux vies réelles (et non virtuelles) ! Je renonçai alors temporairement à regarder la femme (chaque chose à son temps !) en espérant qu'elle perçût mon intention et commençai à me précipiter vers les deux hommes, en boitant. Je ne pensais désormais plus qu'à une chose : serais-je vraiment apte à les aider ? Ou serait-ce trop tard ?

Contrairement aux autres, le docteur aux mains ensanglantées était confiant sur l'état du jeune homme. Bien que les quantités de sang déversées par terre étaient impressionnantes, l'artère n'avait pas été touché, et le garrot avait rempli sa tâche, le sang coulait moins.
Il devrait s'en sortir.
Bien que tout le monde ait des problèmes (plus ou moins graves, certes), Nate fût surpris du peu d'intérêt de ses congénères, ils ne devaient pas avoir le goût de l'entraide et ne semblaient pas vouloir communiquer.
Enfin... Quand on voyait l'échec de communication essuyé dans la salle aux capsules..
Il y avait bien eu cette personne qui était venue en boitillant vers lui et le blond, mais elle n'était en état d'aider personne avec sa cheville, d'ailleurs comment pourrait-elle aider?
Il fallait qu'ils trouvent un endroit ou soigner l'homme, içi, il ne pourrait rien faire d'autre que d'attendre qu'il meure.
Quand il releva la tête, il se rappela des blessures subites par ses camarades: la femme qui se tenait le côté de la cage thoracique devait avoir une côte cassée ou une blessure dans ce goût là, la personne qui avait tenté de venir en aide ne pourrait pas non plus aider à transporter le jeune homme avec sa cheville foulée/cassée/tordue et l'autre fille avait l'air bien chétive pour porter quelqu'un.
Il devrait le transporter seul.

Justement, cette dernière jeune fille revenue de l'étage pointait des lignes sur les murs. Après s'être assuré encore une fois que tout allais bien pour le blessé, il s'approcha pour voir ces "décorations".
Il y en avait sept. Ce n'était pas tellement des décorations mais plutôt des itinéraires.
Il se mit à parler à voix haute pour tenter de comprendre leur signification.
Il parla avec la langue qui était la plus naturelle pour lui: le Suisse. Il doutait que quelqu'un comprenne mais bon..
Il toucha le premier logo, comme si cela pouvait l'aider à comprendre.

-Un aigle noir...Euh...

Il passa au suivant, en déplaçant sa main contre le mur
-L'arbre vert, ça doit être l'endroit où il y a de la végétation, des cultures. Le heaume rouge... l'arène du vaisseau? Non, c'est bête, ça doit être l'armurerie ou un truc comme ça.
Il descendit toujours ses doigts sur les signes, traçant sans le vouloir vraiment une ligne de sang.
Corbat continua à marmonner.
-Celui-ci, ça doit être pour l'observatoire... Mais pourquoi ils mettent ce genre de truc au lieu de destinations utiles?
Bref, lui c'est les documents sûrement et le cyan... Le cyan...
Il remonta son doigt vers l'aigle, tentant d'y décrypter un quelconque message. Qui disait aigle disait pouvoir, pouvoir, puissance, puissance, commandement.
Ça devait être la salle de commandes du vaisseau.
-Bingo!
Par contre le cyan... Aucune idée... A explorer.

-Hé! dit-il cette fois pour que tout le monde le comprenne.
Il se décala pour montrer les logos à tous et entoura avec le sang le logo noir, puis il montra le soleil en formation et mima un guidon.
Il s'essaya au russe encore une fois.
-Changer la direction du... Du...
Il ne savait pas comment dire vaisseau, il fit un geste d'ensemble pour montrer l'endroit où il se trouvait.
Puis il repointa le logo et pointa cette fois-ci les escaliers.
(-Un peu confus tout ça...)
Puis il montra le blessé et lui-même et désigna le dernier logo, celui cyan.
-Je vais chercher aide.
Par aide, il entendait un endroit où il pourrait faire plus que ce garrot.

Sans attendre de réponse des autres, il s'approcha du jeune homme pour le porter sur son dos.
Il le pris d'abord par les mains et le souleva jusqu'à son dos. Il attrapa ensuite les jambes de l'homme pour les porter.

Spoiler:

Le contact de sa main avec la blessure du jeune homme le dégoûta un peu, il décala sa main pour éviter de toucher la plaie et ainsi de le faire souffrir.
Il sentait le sang à travers de sa blouse désormais humide.
(-C'est parti)
Devant les escaliers, il fît un signe de tête pour dire aux autres de le suivre.
Destination Cyan nous voilà!
Pourvu que ce ne soit pas la salle des réacteurs ou un autre truc comme ça..

Rouge ... Rouge .. Sang ...

Un flot de liquide rouge , rouge sang, continuait de se déversait de la plaie située sur ma cuisse. Mais bizarrement cette masse de sang coulait petit à petit en moins grande quantité, jusqu'à n'être plus qu'un filet de substance rouge. Pourquoi?

Insouciance ... Insouciance ... Inconscience ...

Que ce passait-il? Aucune idée. Un brouillard m'entourait. Je pouvais distingué des formes , des masses blanches ou transparentes , des visages , une personnes était à côté de moi pour je ne sais quelle raison , de la lumière , une boule de feu. Soudain plus de visage. L'homme était partie. Où? Étais-je seul maintenant ? Nan, le monsieur regardait des formes sur une masse blanche. Essayant de réfléchir, je compris que ça devait être un mur où était inscrit des dessins. Mais trop fatigué pour réfléchir plus là dessus. Mon "sauveteur" était revenu et me mis sur son dos. Comme un enfant. Pourquoi? Je pouvais marcher tout seul ! Mais pas la force de dire quoique ce soit, de faire quoique ce soit.

Douleur ... Douleur ... Torture ...

Des frissons montaient de ma cuisse jusqu'à ma tête. Tellement mal ! C'était insupportable ! le pire se fut quand l'homme avait mis sa main sur la plaie. Ma plaie.

Fatigue ... Fatigue ... Dodo

J’avais froid. Puis chaud. Puis froid. Puis chaud. Horrible. Mes paupières étaient lourdes. Je voulais m'endormir. Mais je voulais savoir où on m'emmener. Posant mon menton sur l'épaule du gars qui me portait, j'observais yeux mis-clos les alentours, ou plutôt je dormais les yeux ouverts.

Tellement envie de dormir ...

Spoiler:

La jeune femme se retourna, interpellée. Elle observa l'homme qui s'était occupé du blessé analyser les quelques dessins sur lesquels une autre fille était tombé. Elle s'approcha, les regarda un instant, sans comprendre les probables tentatives d'explications de son voisin. Il semblait faire un commentaire à chaque logo. Il y en avait sept. Et ces sept logos donnaient sur sept directions différents. C'était sûrement un langage pictural pour indiquer des lieux. Elle réfléchit, sans trop chercher à comprendre chaque logo, le seul qui l'intéressait, c'était celui qui pourrait représenter la salle des commandes. C'était ça le plus urgent, à ses yeux.
Aucun ne lui parut être un dessin indiquant la salle des commandes. Mais après réflexion, celui qui représentait un aigle lui parut significatif: l'aigle volait, et ils étaient dans un vaisseau. Oui, c'était surement là.

Le jeune homme à sa droite finit par s'adresser au groupe. Mais elle ne comprit pas. Elle ne parut pas être la seule à ne rien capter puisqu'il finit par changer de langue. Il marmonna un russe peu élégant. Le russe, sa langue maternelle. Là, elle comprit ce qu'il tentait de dire. Il pensait justement que cet aigle indiquait la direction de la salle des commandes, comme elle. Elle hocha la tête, lui faisant comprendre qu'elle était d'accord: il fallait changer de direction le vaisseau le plus vite possible. Il ajouta que peut-être vers la couleur cyan ils trouveraient de quoi aider le blessé.

-Je vais y aller,  avec elle, nous nous occuperons du vaisseau, pendant que vous chercherez une infirmerie, ça marche? répondit-elle à l'homme. Tu parais plus apte que nous à porter et soigner ce blessé.

La jeune femme visait l'autre fille pour l'accompagner. Il valait mieux être deux de chaque côté, au cas où il y aurait un autre souci.

-On ne peut tous aller soigner cette personne, il faut absolument que quelqu'un s'occupe de la trajectoire du vaisseau. Vous êtes d'accord? Si oui, je pars avec... euh... avec... Comment t'appelles-tu? demanda-t-elle à l'autre femme à ses côtés.

Elle regarda chaque membre de leur petit groupe, pour savoir si ils la comprenaient plus ou moins. Apparemment l'homme qui portait le blessé avait des bases de russe, alors il devait comprendre un minimum. Pour les autres, ce n'était pas certain, alors elle répéta les mêmes informations en anglais, pensant que c'était la langue la plus maîtrisée du groupe.

Mais en répétant sa question "What's your name?", la jeune femme s'aperçut qu'elle ne se souvenait absolument plus, elle-même, de ses propres nom et prénom. Sa mémoire avait failli, elle ne se souvenait de rien sur sa personne et ce qui lui était arrivait pour être dans l'espace.

-Vous ne vous souvenez pas non plus? les questionna-t-elle en anglais puis en russe.

Était-ce vraiment possible de faire quelque chose pour ce grièvement blessé ? J'hésitais en posant ma vue tantôt sur ce dernier, tantôt sur les escaliers dans lesquelles la femme à la chevelure sombre s'était avancée la première, suivie de celle qui nous avait charitablement tenu la porte lors du passage entre les deux couloirs.

En voyant mon impuissance face à l' agonie du jeune blond, je me culpabilisais. Parce qu' après tout, une cheville foulée se guérit rapidement (plus rapidement qu'une tendinite !). Mais il est vrai en même temps, que "quelques jours" dans cette situation, euh... Rien à faire. Dans un tel état, je devais accepter ma passivité. Après tout, compter sur une personne pour accomplir une tâche est aussi une bonne chose. Et l' on voyait bien que le médecin avait l' air confiant. En outre, avec son expérience, il était bien capable de s' occuper du blessé sans mon aide.

Le docteur monta les escaliers. Je fis de même mais avec ma marche à la zombie, je ne pouvais que monter les marches une à une et d' une manière bien lente. En haut se trouvaient trois couloirs : un en face, un à gauche et un à droite. Je suivis les autres dans ce dernier. Sur le mur étaient empruntées sept bandes de couleurs différentes avec chacune un logo et des sortes de lettres.

Le sauveur de vies étudiait ces empreintes (qui étaient trop implicites pour moi) qui avaient attiré l' attention de la jeune femme ayant l' air de bien remplir le rôle d' un nouveau guide, qu' elle le voulût ou non. Il parla en russe que la femme à la sombre chevelure parvint à saisir. Je le compris mieux par le langage des signes. Il semblait dire :
"Il serait préférable que vous alliez dans la direction indiquée par l' aigle. Pour ma part, je m' occupe du blessé en me dirigeant dans la direction de la couleur cyan."
D'après lui, le logo cyan devrait conduire à un lieu pour soigner le blessé. D'ailleurs, cela me paraissait à présent logique. En effet le cercle avec ses rayons semblait représenter la renaissance donc la purification, la guérison.

La première à avoir franchi les escaliers demanda à notre nouvelle guide de l' accompagner pour "la trajectoire du vaisseau" (ça doit être la direction de l' aigle) tandis que le docteur se dirigeait vers la direction du cyan.
Lorsque la femme avec une côte abîmée nous demanda nos noms, je m' aperçus que personne ne connaissait ni son nom, ni son prénom. Je secouais la tête en signe de négation. Cependant, j' avais un numéro d' immatriculation :
"Je ne me souviens plus de mon nom ni de mon prénom mais vous pouvez m' appeler AI-528." , répondis-je en anglais, la langue la plus maîtrisée.

Hors de question de s' aventurer seule dans une direction, ce serait bien trop dangereux. Je ne savais pas qui suivre : le docteur pour l' aider au cas où et éventuellement trouver une solution pour ma cheville (après tout ce n' était pas grand chose comparée à une côte cassée quoique cela réduisait ma mobilité) ou bien les deux jeunes femmes car commander un vaisseau serait plus facile à trois ? Hum... dilemme.
Après une minute de réflexion, je décidai de suivre le docteur. Les raisons : je ne serais pas assez vive et ne ferais que ralentir les deux femmes qui étaient quand même plus rapides que moi alors que c'était moins le cas du sauveur qui avait un blessé sur le dos. De plus, dans leur état, les deux hommes seraient moins aptes à faire face aux dangers et je ne pourrais être qu' un plus...